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qu’on va lui adresser[1] : « N’avez-vous pas écrit que les principes, quoique d’origine expérimentale, sont maintenant hors des atteintes de l’expérience parce qu’ils sont devenus des conventions ? Et maintenant vous venez nous dire que les conquêtes les plus récentes de l’expérience mettent ces principes en danger. » Mais, pour ceux qui ont lu Poincaré, l’objection est sans valeur. En effet, Poincaré a toujours expressément prévu le cas où certains principes classiques de la science devraient être un jour abandonnés ; et nous avons justement indiqué tout à l’heure, a priori comment et dans quelles circonstances ce cas pourrait se présenter.



L’œuvre critique dont nous venons de retracer les grandes lignes aurait suffi peut-être à un penseur qui n’eût été qu’un mathématicien professionnel. Mais la curiosité d’Henri Poincaré ne s’arrêtait pas aux limites de la science exacte. Il regardait au delà. Au lieu d’accepter les définitions et les axiomes, à la manière de Hilbert, comme des décrets arbitraires dont on ne cherche pas à pénétrer le sens, il voulait

  1. La Valeur de la science, p. 207.