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modes ou incommodes. Par exemple, l’existence de l’éther, celle même des objets extérieurs ne sont que des hypothèses commodes… C’est pour cela qu’il y a certaines catégories de faits qui s’expliquent également bien dans deux ou plusieurs théories différentes sans qu’aucune expérience puisse jamais décider entre elles. »

Ces conclusions sont-elles exagérées ? Certains l’ont pu penser naguère. Mais nous verrons tout à l’heure qu’elles paraissent aujourd’hui se confirmer de plus en plus.


Les réflexions d’Henri Poincaré sur la géométrie et sur la physique semblaient avoir pour conséquence de diminuer la part d’objectivité que l’on attribue généralement à la science et d’exalter par contre la puissance créatrice du savant. Elles impliquaient en tout cas une conception nouvelle des rôles respectifs de l’expérience et de l’esprit dans la constitution des théories scientifiques. Cette conception, qui s’accordait si bien avec les derniers progrès de la physique mathématique, Poincaré voulut l’éprouver dans le domaine où la science se présente au contraire sous la forme la plus abstraite : l’analyse mathématique. En 1893, dans le premier numéro de la Revue