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Parmi les différentes manières de concevoir l’attachement à la vie, il y en a une, que peut-être M. Metchnikoff n’a pas encore envisagée. C’est un attachement à la vie qui a des raisons grandioses ; raisons bien différentes des raisons ordinaires pour lesquelles on redoute la mort.

L’esprit d’un savant vient d’enfanter des idées. Il voit qu’elles sont fécondes et utiles, mais il a le sentiment qu’elles sont encore assez vagues et qu’un long travail d’analyse lui est nécessaire pour les développer, avant que le public puisse les comprendre et les apprécier à leur juste valeur. S’il songe alors que la mort peut tout à coup rendre au néant tout ce monde de hautes pensées et que peut-être des siècles s’écouleront avant qu’un autre