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dialogues philosophiques


LE JÉSUITE. — Hé bien ! ne vaudrait-il pas mieux proposer des remèdes à ces malades frénétiques, que de les laisser sans secours ?


LE MANDARIN. — Oui, et le meilleur remède est de réparer par une vie pure les injustices qu’on peut avoir commises. Adieu. Voici le temps où je dois soulager quelques-uns de mes frères qui souffrent. J’ai fait des fautes comme un autre ; je ne veux pas les expier autrement ; je vous conseille d’en faire de même.


DEUXIÈME CONFÉRENCE


LE JÉSUITE. — Je vous supplie avec humilité de me procurer une place de mandarin, comme plusieurs de nos Pères en ont eu, et d’y faire joindre la permission de nous bâtir une maison et une église, et de prêcher en chinois : vous savez que je parle la langue.


LE MANDARIN. — Mon crédit ne va pas jusque-là ; les juifs, les mahométans qui sont dans notre empire, et qui connaissent un seul Dieu, comme nous, ont demandé la même permission, et nous n’avons pu la leur accorder : il faut suivre les lois.


LE JÉSUITE. — Point du tout ; il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes.