Les autres jésuites, dit l’empereur, comme Parennin, Verbiest, Péreira, Bouvet, et les autres, ne m’avaient jamais avoué aucune de ces abominables extravagances. Je vois trop bien que ces missionnaires sont des fripons qui ont à leur suite des imbéciles. Les fripons ont réussi auprès de mon père en faisant devant lui des expériences de physique qui l’amusaient, et les imbéciles réussissent auprès de la populace : ils sont persuadés, et ils persuadent ; cela peut devenir très pernicieux. Je vois que les tribunaux ont eu grande raison de présenter des requêtes contre ces perturbateurs du repos public. Dites-moi, je vous prie, vous qui avez étudié l’histoire de l’Europe, comment il s’est pu faire qu’une religion si absurde, si blasphématoire, se soit introduite chez tant de petites nations ?
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT. — Hélas ! sire, tout
comme la secte du dieu Fo s’est introduite dans votre
empire, par des charlatans qui ont séduit la populace.
Votre majesté ne pourrait croire quels effets
prodigieux ont faits les charlatans d’Europe dans
leur pays. Ce misérable qui vient de vous parler
vous a lui-même avoué que ses pareils, après avoir
enseigné à la canaille des dogmes qui sont faits pour
elle, la soulèvent ensuite contre le gouvernement :
ils ont détruit un grand empire qu’on appelait l’empire
romain, qui s’étendait d’Europe en Asie, et le
sang a coulé pendant plus de quatorze siècles par
les divisions de ces sycophantes, qui ont voulu se