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dialogues philosophiques

ses disciples furent très obscurs jusqu’à ce qu’ils eussent rencontré quelques platoniciens dans Alexandrie qui étayèrent les rêveries des galiléens par les rêveries de Platon. Les peuples d’alors étaient infatués de démons, de mauvais génies, d’obsessions, de possessions, de magie, comme le sont aujourd’hui les sauvages. Presque toutes les maladies étaient des possessions d’esprits malins. Les Juifs, de temps immémorial, s’étaient vantés de chasser les diables avec la racine barath, mise sous le nez des malades, et quelques paroles attribuées à Salomon. Le jeune Tobie chassait les diables avec la fumée d’un poisson sur le gril. Voilà l’origine des miracles dont les galiléens se vantèrent.

Les gentils étaient assez fanatiques pour convenir que les galiléens pouvaient faire ces beaux prodiges ; car les gentils croyaient en faire eux-mêmes. Ils croyaient à la magie comme les disciples de Jésus. Si quelques malades guérissaient par les forces de la nature, ils ne manquaient pas d’assurer qu’ils avaient été délivrés d’un mal de tête par la force des enchantements. Ils disaient aux chrétiens : Vous avez de beaux secrets, et nous aussi ; vous guérissez avec des paroles, et nous aussi ; vous n’avez sur nous aucun avantage.

Mais quand les galiléens, ayant gagné une nombreuse populace, commencèrent à prêcher contre la religion de l’État ; quand, après avoir demandé la tolérance, ils osèrent être intolérants ; quand ils voulurent élever leur nouveau fanatisme sur les