Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
dialogues philosophiques

je ne vois pas le divin. Je trouve très simple que le christianisme se soit formé dans la populace, comme les sectes des anabaptistes et des quakers se sont établies, comme les prophètes du Vivarais et des Cévennes se sont formés, comme la faction des convulsionnaires prend déjà des forces. L’enthousiasme commence, la fourberie achève. Il en est de la religion comme du jeu :


On commence par être dupe,
On finit par être fripon.


M. FRÉRET. — Il n’est que trop vrai, madame. Ce qui résulte de plus probable du chaos des histoires de Jésus, écrites contre lui par les Juifs, et en sa faveur par les chrétiens, c’est qu’il était un Juif de bonne foi, qui voulait se faire valoir auprès du peuple, comme les fondateurs des récabites, des esséniens, des saducéens, des pharisiens, des judaïtes, des hérodiens, des joanistes, des thérapeutes, et de tant d’autres petites factions élevées dans la Syrie, qui était la patrie du fanatisme. Il est probable qu’il mit quelques femmes dans son parti, ainsi que tous ceux qui voulurent être chefs de secte ; qu’il lui échappa plusieurs discours indiscrets contre les magistrats, et qu’il fut puni cruellement du dernier supplice. Mais qu’il ait été condamné, ou sous le règne d’Hérode le Grand, comme le prétendent les talmudistes, ou sous Hérode le Tétrarque, comme le disent quelques Évangiles, cela est fort indifférent. Il est avéré que