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dialogues philosophiques

aujourd’hui et ce qu’elle était dans vos premiers temps, qu’entre vos usages et ceux du roi Dagobert. Misérables chrétiens ! non, vous n’adorez pas votre Jésus, vous lui insultez en substituant vos nouvelles lois aux siennes. Vous vous moquez plus de lui avec vos mystères, vos agnus, vos reliques, vos indulgences, vos bénéfices simples, et votre papauté, que vous ne vous en moquez tous les ans, le cinq janvier, par vos noëls dissolus, dans lesquels vous couvrez de ridicule la vierge Marie, l’ange qui la salue, le pigeon qui l’engrosse, le charpentier qui en est jaloux, et le poupon que les trois rois viennent complimenter entre un bœuf et un âne, digne compagnie d’une telle famille.


L’ABBÉ. — C’est pourtant ce ridicule que saint Augustin a trouvé divin ; il disait : « Je le crois, parce que cela est absurde ; je le crois, parce que cela est impossible. »


M. FRÉRET. — Eh ! que nous importent les rêveries d’un Africain, tantôt manichéen, tantôt chrétien, tantôt débauché, tantôt dévot, tantôt tolérant, tantôt persécuteur ? Que nous fait son galimatias théologique ? Voudriez-vous que je respectasse cet insensé rhéteur, quand il dit, dans son sermon xxii, que l’ange fit un enfant à Marie par l’oreille ? imprœgnavit per aurem.


LA COMTESSE. — En effet je vois l’absurde ; mais