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dialogues philosophiques

siècles entiers. Après cela, monsieur, citez-nous les prophéties juives ou chrétiennes.


M. FRÉRET. — Je ne vous conseille pas de parler des miracles de Moïse devant des gens qui ont de la barbe au menton. Si tous ces prodiges inconcevables avaient été opérés, les Égyptiens en auraient parlé dans leurs histoires. La mémoire de tant de faits prodigieux qui étonnent la nature se serait conservée chez toutes les nations. Les Grecs, qui ont été instruits de toutes les fables de l’Égypte et de la Syrie, auraient fait retentir le bruit de ces actions surnaturelles aux deux bouts du monde. Mais aucun historien, ni grec, ni syrien, ni égyptien, n’en a dit un seul mot. Flavius Josèphe, si bon patriote, si entêté de son judaïsme, ce Josèphe qui a recueilli tant de témoignages en faveur de l’antiquité de sa nation, n’en a pu trouver aucun qui attestât les dix plaies d’Égypte, et le passage à pied sec au milieu de la mer, etc.

Vous savez que l’auteur du Pentateuque est encore incertain : quel homme sensé pourra jamais croire, sur la foi de je ne sais quel Juif, soit Esdras, soit un autre, de si épouvantables merveilles inconnues à tout le reste de la terre ? Quand même tous vos prophètes juifs auraient cité mille fois ces événements étranges, il serait impossible de les croire : mais il n’y a pas un seul de ces prophètes qui cite les paroles du Pentateuque sur cet amas de miracles, pas un seul qui entre dans le moindre détail de ces aven-