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dialogues philosophiques

Jésus a-t-il dit qu’il était trin et consubstantiel ? non ; et nous l’avons fait consubstantiel et trin. Montrez-moi un seul rite que vous ayez observé précisément comme lui ; dites-moi un seul de vos dogmes qui soit précisément le sien ; je vous en défie.


LE DOUTEUR. — Mais, monsieur, en parlant ainsi, vous n’êtes pas chrétien.


L’ADORATEUR. — Je suis chrétien comme l’était Jésus, dont on a changé la doctrine céleste en doctrine infernale. S’il s’est contenté d’être juste, on en a fait un insensé qui courait les champs dans une petite province juive, en comparant les cieux à un grain de moutarde.


LE DOUTEUR. — Que pensez-vous de Paul, meurtrier d’Étienne, persécuteur des premiers galiléens, depuis galiléen lui-même et persécuté ? Pourquoi rompit-il avec Gamaliel, son maître ? Est-ce comme le disent quelques Juifs, parce que Gamaliel lui refusa sa fille en mariage, parce qu’il avait les jambes torses, la tête chauve, et les sourcils joints, ainsi qu’il est rapporté dans les actes de Thècle, sa favorite ? A-t-il écrit enfin les Épîtres qu’on a mises sous son nom ?


L’ADORATEUR. — Il est assez reconnu que Paul n’est point l’auteur de l’Épître aux Hébreux dans