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dialogues philosophiques


LE FILS. — Elle est composée de ces Juifs qui vendent des haillons et des philtres, et qui rognent les espèces à Rome.


ÉPICTÈTE. — La vertu qu’ils enseignent est apparemment de la fausse monnaie.


LE FILS. — Ils disent qu’il est impossible d’être vertueux sans s’être fait couper un peu de prépuce, ou sans s’être plongé dans l’eau au nom du Père par le Fils. Il est vrai qu’ils ne sont pas d’accord en cela : les uns veulent du prépuce, les autres n’en veulent point : ceux-ci croient l’eau nécessaire, comme Pindare qui la dit merveilleuse ; ceux-là s’en passent, mais tous disent qu’il leur faut donner de l’argent.


ÉPICTÈTE. — Comment, de l’argent ! Sans doute on doit secourir de son superflu les pauvres qui ne peuvent travailler, payer ceux qui peuvent gagner leur vie, et partager son nécessaire avec ses amis. C’est notre loi ; c’est notre morale : c’est ce que j’ai fait depuis qu’Épaphrodite m’affranchit, et c’est ce que je vous ai vu faire avec une satisfaction qui rend mes derniers moments heureux.


LE FILS. — Les philosophes dont je vous parle exigent bien autre chose : ils veulent qu’on apporte à leurs pieds tout ce qu’on a, jusqu’à la dernière obole.