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dialogues philosophiques


LE JÉSUITE. — Les anglicans sont des déserteurs ; ils ont renoncé à notre pape, et le pape est infaillible.


LE LUTHÉRIEN. — Votre pape est un âne, comme l’a prononcé Luther. Mes chers Chinois, moquez-vous du pape, et des anglicans, et des molinistes, et des jansénistes, et des quakers, et ne croyez que les luthériens : prononcez seulement ces mots, in, cum, sub, et buvez du meilleur.


LE PURITAIN. — Nous déplorons, mes frères, l’aveuglement de tous ces gens-ci, et le vôtre. Mais, Dieu merci, l’Éternel a ordonné que je viendrais à Pékin, au jour marqué, confondre ces bavards ; que vous m’écouteriez, et que nous ferions le souper ensemble le matin, car vous saurez que, dans le quatrième siècle de l’ère de Denys-le-Petit…


LE MUSULMAN. — Eh ! mort de Mahomet, voilà bien des discours ! Si quelqu’un de ces chiens-là s’avise encore d’aboyer, je leur coupe à tous les deux les oreilles ; pour leur prépuce, je ne m’en donnerai pas la peine ; ce sera vous, mes chers Chinois, que je circoncirai : je vous donne huit jours pour vous y préparer ; et si quelqu’un de vous autres, après cela, s’avise de boire du vin, il aura affaire à moi.


LE JUIF. — Ah ! mes enfants, si vous voulez être circoncis, donnez-moi la préférence ; je vous ferai