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UN JÉSUITE, prêchant aux Chinois. — Je vous le dis, mes chers frères, notre Seigneur veut faire de tous les hommes des vases d’élection ; il ne tient qu’à vous d’être vase ; vous n’avez qu’à croire sur-le-champ tout ce que je vous annonce ; vous êtes les maîtres de votre esprit, de votre cœur, de vos pensées, de vos sentiments. Jésus-Christ est mort pour tous, comme on sait ; la grâce est donnée à tous. Si vous n’avez pas la contrition, vous avez l’attrition ; si l’attrition vous manque, vous avez vos propres forces et les miennes.


UN JANSÉNISTE, arrivant. — Vous en avez menti, enfant d’Escobar et de perdition ; vous prêchez ici l’erreur et le mensonge. Non, Jésus n’est mort que pour plusieurs ; la grâce est donnée à peu ; l’attrition est une sottise ; les forces des Chinois sont