Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
dialogues philosophiques

surtout, monsieur le comte, la transsubstantiation, sont de si belles choses ! Plût au ciel que Scipion, Cicéron et Marc-Aurèle, eussent approfondi ces vérités ! ils auraient pu être grands-vicaires de monseigneur l’archevêque, ou syndics de la Sorbonne.


LE COMTE. — Çà, dites-moi en conscience, entre nous et devant Dieu, si vous pensez que les âmes de ces grands hommes soient à la broche, éternellement rôties par les diables en attendant qu’elles aient trouvé leur corps qui sera éternellement rôti avec elles ; et cela pour n’avoir pu être syndics de Sorbonne, et grands-vicaires de monseigneur l’archevêque ?


L’ABBÉ. — Vous m’embarrassez beaucoup ; car « hors de l’Église point de salut ».


Nul ne doit plaire au ciel que nous et nos amis.


« Quiconque n’écoute pas l’Église, qu’il soit comme un païen ou comme un fermier général. » Scipion et Marc-Aurèle n’ont point écouté l’Église ; ils n’ont point reçu le concile de Trente ; leurs âmes spirituelles seront rôties à jamais ; et quand leurs corps, dispersés dans les quatre éléments, seront retrouvés, ils seront rôtis à jamais aussi avec leurs âmes. Rien n’est plus clair, comme rien n’est plus juste : cela est positif.

D’un autre côté, il est bien dur de brûler éternel-

2