Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
dialogues philosophiques

réprouvent toutes ces nouveautés scandaleuses et funestes ; ils sont partout soumis aux magistrats, et l’Église romaine lutte depuis huit cents ans contre les magistrats. Si les protestants se trompent comme les autres dans le principe, ils ont moins d’erreurs dans les conséquences ; et, puisqu’il faut traiter avec les hommes, j’aime à traiter avec ceux qui trompent le moins.


LE CALOYER. — Il semble que vous choisissiez une religion comme on achète des étoffes chez les marchands ; vous allez chez celui qui vend le moins cher.


L’HONNÊTE HOMME. — Je vous ai dit ce que je préférerais, s’il me fallait faire un choix selon les règles de la prudence humaine ; mais ce n’est point aux hommes que je dois m’adresser, c’est à Dieu seul ; il parle à tous les cœurs ; nous avons tous un droit égal à l’entendre. La conscience qu’il a donnée à tous les hommes est leur loi universelle. Les hommes sentent d’un pôle à l’autre qu’on doit être juste, honorer son père et sa mère, aider ses semblables, tenir ses promesses ; ces lois sont de Dieu, les simagrées sont des mortels. Toutes les religions diffèrent comme les gouvernements ; Dieu permet les uns et les autres. J’ai cru que la manière extérieure dont on l’adore ne peut le flatter ni l’offenser, pourvu que cette adoration ne soit ni superstitieuse envers lui, ni barbare envers les hommes.