fit faire le dénombrement de tout l’univers, Cyrenius étant alors gouverneur de Syrie.
LE SÉNATEUR. — Votre Luc vous a trompés.
Cyrenius ne fut gouverneur de Syrie que dix ans
après l’époque dont vous parlez : c’était Quintilius
Varus qui était alors proconsul de Syrie ; nos annales
en font foi. Jamais Auguste n’eut le dessein extravagant
de faire un dénombrement de l’univers :
jamais même il n’y eut sous son règne un recensement
entier des citoyens romains. Quand même
on en aurait fait un, il n’aurait pas eu lieu en Judée,
qui était gouvernée par Hérode, tributaire de l’empire,
et non par des officiers de César. Le père et la
mère de votre Dieu étaient, dites-vous, des habitants
d’un village juif ; ils n’étaient donc pas citoyens romains :
ils ne pouvaient être compris dans le cens.
LE CHRÉTIEN. — Notre Dieu n’avait point de
père juif. Sa mère était vierge. Ce fut Dieu même qui
l’engrossa par l’opération d’un esprit, qui était Dieu
aussi, sans que la mère cessât d’être pucelle. Et cela
est si vrai, que trois rois ou trois philosophes vinrent
d’Orient pour l’adorer dans l’étable où il naquit,
conduits par une étoile nouvelle qui voyagea avec
eux.
LE SÉNATEUR. — Vous voyez bien, mon pauvre
homme, qu’on s’est moqué de vous. S’il avait paru
alors une étoile nouvelle, nous l’aurions vue ; toute