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dialogues philosophiques

ra que ces sages ; il adorera d’un culte plus pur le créateur et le guide de tous les globes, et notre petit globe en sera plus heureux.

13o Il est impossible que l’esprit de paix, l’amour du prochain, le bon ordre, en un mot la vertu, subsiste au milieu des disputes interminables ; il n’y a jamais eu la moindre dispute entre les lettrés, qui se bornent à reconnaître un Dieu, à l’aimer, à le servir sans mélange de superstitions, et à servir leur prochain.

14o C’est là le premier devoir ; le second est d’éclairer les superstitieux ; le troisième est de les tolérer en les plaignant, si on ne peut les éclairer.

15o Il peut y avoir plusieurs cérémonies ; mais il n’y a qu’une seule morale. Ce qui vient de Dieu est universel et immuable ; ce qui vient des hommes est local, inconstant, périssable.

16o Un imbécile dit : « Je dois penser comme mon bonze ; car tout mon village est de son avis. » Sors de ton village, pauvre homme, et tu en verras cent mille autres qui ont chacun leur bonze, et qui pensent tous différemment.

17o Voyage d’un bout de la terre à l’autre, tu verras que partout deux et deux font quatre, que Dieu est adoré partout ; mais tu verras qu’ici on ne peut mourir sans huile, et que là, en mourant, il faut tenir à la main la queue d’une vache. Laisse là leur huile et leur queue, et sers le Maître de l’Univers.

18o Voici un des grands maux que la superstition a fait naître. Un homme a violé sa sœur et tué son