que vous êtes des réprouvés ; et, tant que vous vous persécuterez les uns les autres, il ne sera pas prudent de vous écouter.
LE JESUITE. — Ah ! si jamais je retourne à
Rome, que je me vengerai de tous ces impies qui
empêchent nos progrès à la Chine !
LE MANDARIN. — Faites mieux, pardonnez-leur.
Vivons doucement tous ensemble, tant que vous
serez ici ; secourons-nous mutuellement ; adorons
tous l’Être suprême du fond de notre cœur. Quoique
vous ayez plus de barbe que nous, le nez plus long,
les yeux moins fendus, les joues plus rouges, les pieds
plus gros, les oreilles plus petites, et l’esprit plus
inquiet, cependant nous sommes tous frères.
LE JÉSUITE. — Tous frères ! et que deviendra
mon titre de Père ?
LE MANDARIN. — Vous convenez tous qu’il faut
aimer Dieu ?
LE JÉSUITE. — Pas tout à fait, mais je le permets.
LE MANDARIN. — Qu’il faut être modéré, sobre,
compatissant, équitable, bon maître, bon père de
famille, bon citoyen ?
LE JÉSUITE. — Oui.