qu’il faut être juste ; il n’y a pas moyen de disputer sur cela : mais il fallait écouter quelque chose au-dessus de votre raison ; il fallait lire tous les livres du peuple juif, que malheureusement vous ne connaissiez pas, et il fallait les croire ; et ensuite il fallait ne les plus croire et lire tous nos livres grecs et latins. Alors vous auriez eu, comme nous, mille belles querelles toutes les années ; chaque querelle aurait occasionné une décision admirable, un jugement nouveau : voilà ce qui vous a manqué, et c’est ce que je veux apprendre aux Chinois, mais toujours pour le bien de la paix.
LE MANDARIN. — Hé bien ! quand les Chinois,
pour le bien de la paix, sauront toutes les opinions
qui déchirent votre petit coin de terre au bout de
l’Occident, en seront-ils plus justes ? honoreront-ils
leurs parents davantage ? seront-ils plus fidèles à
l’empereur ? l’empire sera-t-il mieux gouverné,
les terres mieux cultivées ?
LE JÉSUITE. — Non assurément ; mais les Chinois
seront sauvés comme moi ; ils n’ont qu’à croire
ce que je ne comprends pas.
LE MANDARIN. — Pourquoi voulez-vous qu’ils
le comprennent ?
LE JÉSUITE. — Ils ne le comprendront pas non
plus.