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Traité ſur la Tolérance. Chap. X.

gnées, (comme de raiſon) il les obligea de ſervir toutes nues aux myſtères de Diane, auxquels, pourtant, on n’aſſiſta jamais qu’avec un voile. S. Théodote, qui à la vérité était Cabaretier, mais qui n’en était pas moins zélé, pria Dieu ardemment de vouloir bien faire mourir ces ſaintes filles, de peur qu’elles ne ſuccombaſſent à la tentation : Dieu l’exauça ; le Gouverneur les fit jetter dans un lac avec une pierre au cou : elles apparurent auſſitôt à Théodote, & le prièrent de ne pas ſouffrir que leurs corps fuſſent mangés des poiſſons : ce furent leurs propres paroles.

Le St. Cabaretier & ſes compagnons allèrent pendant la nuit au bord du lac, gardé par des ſoldats ; un flambeau céleſte marcha toujours devant eux, & quand ils furent au lieu où étaient les Gardes, un Cavalier céleſte, armé de toutes pièces, pourſuivit ces Gardes la lance à la main : St. Théodote retira du lac les corps des Vierges : il fut mené devant le Gouverneur, & le Cavalier céleſte n’empêcha pas qu’on ne lui tranchât la tête. Ne ceſſons de répéter que nous vénérons les vrais Martyrs, mais qu’il eſt difficile de croire cette hiſtoire de Bollandus & de Ruinart.

Faut-il rapporter ici le Conte du jeune St. Romain ? On le jetta dans le feu, dit Euſebe, & des Juifs qui étaient préſents, inſultèrent à Jesus-Christ qui laiſſait brûler ſes Confeſſeurs, après que Dieu avait