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Traité ſur la Tolérance. Chap. IX.

comme un emblème du bon principe, d’Oromaſe, ou Oroſmade, du Dieu Créateur qu’ils reconnaiſſaient.

Quelque tolérant que l’on puiſſe être, on ne peut s’empêcher de ſentir quelque indignation contre ces déclamateurs, qui accuſent Dioclétien d’avoir perſécuté les Chrétiens, depuis qu’il fut ſur le Trône : rapportons-nous-en à Euſebe de Céſarée, ſon témoignage ne peut être récuſé ; le favori, le panégyriſte de Conſtantin, l’ennemi violent des Empereurs précédents, doit en être cru quand il les juſtifie : voici ſes parolesHiſt. Eccléſiaſtiq. Liv. 8. : « Les Empereurs donnèrent longtemps aux Chrétiens de grandes marques de bienveillance ; ils leur confièrent des Provinces ; pluſieurs Chrétiens demeurèrent dans le Palais ; ils épouſèrent même des Chrétiennes ; Dioclétien prit pour ſon épouſe Priſca, dont la fille fut femme de Maximien Galere, &c. »

Qu’on apprenne donc de ce témoignage déciſif à ne plus calomnier ; qu’on juge ſi la perſécution excitée par Galere, après dix-neuf ans d’un règne de clémence & de bienfaits, ne doit pas avoir ſa ſource dans quelque intrigue que nous ne connaiſſons pas.

Qu’on voye combien la fable de la Légion Thébaine ou Thébéenne, maſſacrée, dit-on, toute entière pour la Religion, eſt une fable abſurde. Il eſt ridicule qu’on ait fait venir cette Légion d’Aſie par le