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Traité ſur la Tolérance. Chap. V.

dans la populace Convulſionnaire. La lie des inſenſés de St. Médard eſt comptée pour rien dans la Nation, celle des Prophètes Calviniſtes eſt anéantie. Le grand moyen de diminuer le nombre des Maniaques, s’il en reſte, eſt d’abandonner cette maladie de l’eſprit au régime de la raiſon, qui éclaire lentement, mais infailliblement les hommes. Cette raiſon eſt douce, elle eſt humaine, elle inſpire l’indulgence, elle étouffe la diſcorde, elle affermit la vertu, elle rend aimable l’obéiſſance aux Loix, plus encore que la force ne les maintient. Et comptera-t-on pour rien le ridicule attaché aujourd’hui à l’enthouſiaſme par tous les honnêtes gens ? Ce ridicule eſt une puiſſante barrière contre les extravagances de tous les Sectaires. Les temps paſſés ſont comme s’ils n’avaient jamais été. Il faut toujours partir du point où l’on eſt, & de celui où les Nations ſont parvenues.

Il a été un temps où l’on ſe crut obligé de rendre des Arrêts contre ceux qui enſeignaient une Doctrine contraire aux Cathégories d’Ariſtote, à l’horreur du vuide, aux quiddités, & à l’univerſel de la part de la choſe. Nous avons en Europe plus de cent volumes de Juriſprudence ſur la Sorcellerie, & ſur la manière de diſtinguer les faux Sorciers des véritables. L’excommunication des ſauterelles, & des infectes nuiſibles aux moiſſons, a été très en uſage, & ſubſiſte