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Traité ſur la Tolérance. Chap. IV.

les honneurs de ceux qui ſont de la Religion dominante. En Angleterre, les Catholiques, regardés comme attachés au Prétendant, ne peuvent parvenir aux emplois ; ils payent même double taxe ; mais ils jouiſſent d’ailleurs de tous les droits des Citoyens.

On a ſoupçonné quelques Évêques Français de penſer qu’il n’eſt ni de leur honneur, ni de leur intérêt, d’avoir dans leur Diocèſe des Calviniſtes ; & que c’eſt là le plus grand obſtacle à la Tolérance : je ne le puis croire. Le Corps des Évêques en France eſt compoſé de gens de qualité, qui penſent & qui agiſſent avec une nobleſſe digne de leur naiſſance ; ils ſont charitables & généreux, c’eſt une juſtice qu’on doit leur rendre : ils doivent penſer que certainement leurs Diocéſains fugitifs ne ſe convertiront pas dans les Pays étrangers, & que, retournés auprès de leurs Paſteurs, ils pourraient être éclairés par leurs inſtructions, & touchés par leurs exemples ; il y aurait de l’honneur à les convertir : le temporel n’y perdrait pas ; & plus il y aurait de Citoyens, plus les terres des Prélats rapporteraient.

Un Évêque de Varmie, en Pologne, avait un Anabatiſte pour Fermier, & un Socinien pour Receveur ; on lui propoſa de chaſſer & de pourſuivre l’un parce qu’il ne croyait pas la conſubſtantialité, & l’autre parce qu’il ne baptiſait ſon fils qu’à quinze ans : il ré-