Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
Traité ſur la Tolérance. Chap. XIX.

Cela m’étonne, dit le mandarin. Puis ſe tournant vers les deux réfractaires : Il me paraît, leur dit-il, Meſſieurs, que vous devriez reſpecter les avis d’une grande Aſſemblée : je ne ſais pas ce que c’eſt que le Concile de Trente ; mais pluſieurs perſonnes ſont toujours plus inſtruites qu’une ſeule. Nul ne doit croire qu’il en ſait plus que les autres, & que la raiſon n’habite que dans ſa tête ; c’eſt ainſi que l’enſeigne notre grand ConfuciuS ; & ſi vous m’en croyez, vous ferez très-bien de vous en rapporter au Concile de Trente.

Le Danois prit alors la parole, & dit : Monſeigneur parle avec la plus grande ſageſſe ; nous reſpectons les grandes Aſſemblées comme nous le devons ; auſſi ſommes-nous entièrement de l’avis de pluſieurs Aſſemblées qui ſe ſont tenues avant celle de Trente.

Oh ! ſi cela eſt ainſi, dit le Mandarin, je vous demande pardon, vous pourriez bien avoir raiſon. Ça, vous êtes donc du même avis, ce Hollandais & vous, contre ce pauvre Jéſuite ?

Point du tout, dit le Hollandais : cet homme-ci a des opinions preſque auſſi extravagantes que celles de ce Jéſuite, qui fait ici le doucereux avec vous ; il n’y a pas moyen d’y tenir.

Je ne vous conçois pas, dit le Mandarin : N’êtes-vous pas tous trois Chrétiens ? Ne venez-vous pas

K iv