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Traité ſur la Tolérance. Chap. XVII.

cès déſiré, parce qu’un des Conjurés eut l’indiſcrétion de vouloir ſauver la vie à ſon ami : mais comme vous n’avez point d’ami, le même inconvénient n’eſt point à craindre ; il vous ſera fort aiſé de faire ſauter tous les Parlements du Royaume avec cette invention du Moine Schwarts, qu’on appelle pulvis pyrius. Je calcule qu’il faut, l’un portant l’autre, trente-ſix tonneaux de poudre pour chaque Parlement ; & ainſi en multipliant douze Parlements par trente-ſix tonneaux, cela ne compoſe que quatre cent trente-deux tonneaux, qui, à cent écus pièce, font la ſomme de cent vingt-neuf mille ſix cents livres ; c’eſt une bagatelle pour le Révérend Père Général.

Les Parlements une fois ſautés, vous donnerez leurs Charges à vos Congréganiſtes, qui ſont parfaitement inſtruits des Loix du Royaume.

6°. Il ſera aiſé d’empoiſonner Mr. le Cardinal de Noailles, qui eſt un homme ſimple, & qui ne ſe défie de rien.

Votre Révérence emploiera les mêmes moyens de converſion auprès de quelques Évêques rénitents : leurs Évêchés ſeront mis entre les mains des Jéſuites, moyennant un bref du Pape ; alors tous les Évêques étant du parti de la bonne cauſe, & tous les Curés étant habilement choiſis par les Évêques, voici ce que je conſeille, ſous le bon plaiſir de Votre Révérence.