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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIV.

que de Marchands. En vain le Sanhédrin & les Prêtres permettaient ce négoce pour la commodité des ſacrifices ; le Dieu auquel on ſacrifiait pouvait ſans doute, quoique caché ſous la figure humaine, détruire cette profanation : il pouvait de même punir ceux qui introduiſaient dans le Pays des troupeaux entiers, défendus par une Loi dont il daignait lui-même être l’obſervateur. Ces exemples n’ont pas le moindre rapport aux perſécutions ſur le dogme. Il faut que l’eſprit d’intolérance ſoit appuyé ſur de bien mauvaiſes raiſons, puiſqu’il cherche partout les plus vains prétextes.

Preſque tout le reſte des paroles & des actions de Jésus-Christ prêche la douceur, la patience, l’indulgence. C’eſt le Père de famille qui reçoit l’enfant prodigue ; c’eſt l’ouvrier qui vient à la dernière heure, & qui eſt payé comme les autres ; c’eſt le Samaritain charitable ; lui-même juſtifie ſes Diſciples de ne pas jeûner ; il pardonne à la péchereſſe ; il ſe contente de recommander la fidélité à la femme adultère : il daigne même condeſcendre à l’innocente joye des convives de Canaa, qui étant déjà échauffés de vin, en demandent encore ; il veut bien faire un miracle en leur faveur, il change pour eux l’eau en vin.

Il n’éclate pas même contre Judas qui doit le trahir ; il ordonne à Pierre de ne ſe jamais ſervir de

l’épée ;