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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

ni peines ni récompenſes après la mort, & que la faculté de ſentir & de penſer périſſait avec nous, comme la force active, le pouvoir de marcher & de di-

    L’auteur de cet Article cite encore le paſſage de Job, au Chap. 24. L’œil de l’adultère obſerve l’obſcurité ; diſant, l’œil ne me verra point, & il couvrira ſon viſage ; il perce les maiſons dans les ténèbres comme il l’avait dit dans le jour, & ils ont ignoré la lumière ; ſi l’aurore apparaît ſubitement, ils la croyent l’ombre de la mort, & ainſi ils marchent dans les ténèbres comme dans la lumière ; il eſt léger ſur la ſurface de l’eau ; que ſa part ſoit maudite ſur la terre, qu’il ne marche point par la voye de la vigne, qu’il paſſe des eaux de neige à une trop grande chaleur : & ils ont péché le tombeau, ou bien, le tombeau a diſſipé ceux qui pèchent, ou bien, (ſelon les Septante) leur péché a été rappellé en mémoire.

    Je cite les paſſages entiers, & littéralement, ſans quoi il eſt toujours impoſſible de s’en former une idée vraie.

    Y a-t-il là, je vous prie, le moindre mot, dont on puiſſe conclure que Moïſe avait enſeigné aux Juifs la doctrine claire & ſimple des peines & des récompenſes après la mort ?

    Le livre de Job n’a nul rapport avec les Loix de Moïſe. De plus, il eſt très-vraiſemblable que Job n’était point Juif ; c’eſt l’opinion de St. Jérôme dans ſes queſtions hébraïques ſur la Genèſe. Le mot Sathan, qui eſt dans Job, n’était point connu des Juifs, & vous ne le trouvez jamais dans le Pentateuque. Les Juifs n’apprirent ce nom que dans la Chaldée, ainſi que les noms de Gabriel & de Raphaël, inconnus avant leur eſclavage à Babylone. Job eſt donc cité ici très-mal à propos.

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