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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

que Dieu même étant leur Roi, rendant juſtice immédiatement après la tranſgreſſion ou l’obéiſſance, n’avait pas beſoin de leur révéler une Doctrine

    avec le corps : ce paſſage eſt très important, c’eſt dans le chap. 18 du Deutéronome : Ne conſultez point les Devins qui prédiſent par l’inſpection des nuées, qui enchantent les ſerpents, qui conſultent l’eſprit de Python, les Voyants, les Connoißeurs qui interrogent les Morts, & leur demandent la vérité.

    Il paraît, par ce paſſage, que ſi l’on évoquait les âmes des morts, ce ſortilège prétendu ſuppoſait la permanence des âmes. Il ſe peut auſſi que les Magiciens dont parle Moïſe, n’étant que des trompeurs groſſiers, n’euſſent pas une idée diſtincte du ſortilège qu’ils croyaient opérer. Ils faiſaient accroire qu’ils forçaient des morts à parler, qu’ils les remettaient par leur magie dans l’état où ces corps avaient été de leur vivant ; ſans examiner ſeulement ſi l’on pouvait inférer ou non de leurs opérations ridicules le dogme de l’immortalité de l’âme. Les Sorciers n’ont jamais été Philoſophes ; ils ont été toujours des jongleurs ſtupides qui jouaient devant des imbécilles.

    On peut remarquer encore qu’il eſt bien étrange que le mot de Python ſe trouve dans le Deutéronome, long-temps avant que ce mot Grec pût être connu des Hébreux : auſſi le terme Python n’eſt point dans l’Hébreu, dont nous n’avons aucune traduction exacte.

    Cette Langue a des difficultés inſurmontables : c’eſt un mélange de Phénicien, d’Égyptien, de Syrien & d’Arabe ; & cet ancien mélange eſt très-altéré aujourd’hui. L’Hébreu n’eut jamais que deux modes aux verbes, le préſent & le futur : il faut deviner les autres modes par le ſens. Les voyelles différentes étaient ſouvent exprimées par les mêmes ca-

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