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Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

le Roi Agag,[1] coupé en morceaux par le Prêtre Samuel. ÉzéchielEzéch. Chap. 39, v. 18. même leur promet, pour les encourager, qu’ils mangeront de la chair humaine : Vous

    chap. 11, fait l’éloge de Jephté ; il le place avec Samuel & David.

    St. Jérôme, dans ſon Épître à Julien, dit : Jephté immola ſa fille au Seigneur, & c’eſt pour cela que l’Apôtre le compte parmi les Saints. Voilà de part & d’autre des jugements ſur leſquels il ne nous eſt pas permis de porter le nôtre ; on doit craindre même d’avoir un avis.

  1. On peut regarder la mort du roi Agag comme un vrai ſacrifice. Saül avait fait ce Roi des Amalécites priſonnier de guerre, & l’avait reçu à compoſition ; mais le Prêtre Samuel lui avait ordonné de ne rien épargner ; il lui avait dit en propres mots. Liv. I. des Rois, Chapitre 15. Tuez tout, depuis l’homme juſqu’à la femme, juſqu’aux petits enfants, et ceux qui ſont encore à la mamelle.

    Samuel coupa le roi Agag en morceaux, devant le Seigneur, à Galgal.

    « Le zèle dont ce Prophète était animé, dit Don Calmet, lui mit l’épée en main dans cette occaſion pour venger la gloire du Seigneur, & pour confondre Saül. »

    On voit, dans cette fatale aventure, un dévouement, un Prêtre, une victime ; c’était donc un ſacrifice.

    Tous les Peuples dont nous avons l’hiſtoire, ont ſacrifié des hommes à la Divinité, excepté les Chinois. Plutarque rapporte que les Romains mêmes en immolèrent du temps de la République.

    On voit, dans les Commentaires de Céſar, que les Germains allaient immoler les ôtages qu’il leur avait donnés, lorſqu’il délivra ces ôtages par ſa victoire.

    J’ai remarqué ailleurs que cette violation du Droit des

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