Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

donc eu inconteſtablement d’autres Dieux qu’Adonaï ſous Moïſe.

Il eſt très-inutile de réfuter ici les Critiques qui penſent que le Pentateuque ne fut pas écrit par Moïſe ; tout a été dit dès long-temps ſur cette matière ; & quand même quelque petite partie des Livres de Moïſe aurait été écrite du temps des Juges ou des Rois, ou des Pontifes, ils n’en ſeraient pas moins inſpirés & moins divins.

C’eſt aſſez, ce me ſemble, qu’il ſoit prouvé par la Ste. Écriture que, malgré la punition extraordinaire attirée aux Juifs par le culte d’Apis, ils conſervèrent long-temps une liberté entière : peut-être même que le maſſacre que Moïſe fit de vingt-trois mille hommes pour le veau érigé par ſon frère, lui fit comprendre qu’on ne gagnait rien par la rigueur, & qu’il fut obligé de fermer les yeux ſur la paſſion du Peuple pour les Dieux étrangers.

Nomb. Chap. 21, v. 9.Lui-même ſemble bientôt tranſgreſſer la Loi qu’il a donnée. Il a défendu tout ſimulacre, cependant il érige un ſerpent d’airain. La même exception à la Loi ſe trouve depuis dans le temple de Salomon : ce Prince fait ſculpter douze bœufs qui ſoutiennent le

    produit des monſtres, & s’il y a quelque fondement aux anciens Contes des Satyres, des Faunes, des Centaures & des Minotaures : l’Hiſtoire le dit ; la Phyſique ne nous a pas encore éclairés ſur cet article monſtrueux.