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diverses nations et a été convoitée par plusieurs autres. Et certes il ne faut pas s’étonner de ce qu’une si belle et riche dame a eu tant de galants. » Muralt (L. I, p. 20) : « Il me paraît qu’ils tiennent quelque chose des différentes nations qui les ont subjugués (Saxons, Danois, Normands, Romains). »

3. Greg. Leti, 2e p., l. 2, t. III, p. 72. Mais d’ailleurs tous les historiens d’Angleterre rappellent cette loi de Guillaume le Conquérant. Il est plus naturel de penser à Rapin Thoyras (t. II, p. 23). « La seconde (mesure prise contre le ressentiment des Anglais, fut) de leur défendre d’avoir de la clarté dans leurs maisons après huit heures du soir. Quand cette heure était venue, ils entendaient le son d’une cloche qui les avertissait d’éteindre la lumière et de couvrir leur feu, à peine d’une grosse amende. » Ou bien, et peut-être encore plus vraisemblablement, il y a ici une trace du Craftsman et de Bolingbroke. « The Corfeu in William the Conqueror’s Time was deem’d themost severe Exertion of his Power as well as the greatest Instance of his Fear, of anything that he did during his whole Reign. He caused a Bell to be rung every Night at eight o’cîock, in ail the Towns and Villages of England, obliging every Bodv, in order to prevent any Assemblies of the People, to put out their Fires and extinguish all their Lights » (no 233, Saturday December 19, 1730). Nulle part je n’ai trouvé chez un historien le second terme de l’alternative proposée par Voltaire.

4. Cette lettre IX sort de tout ce que Voltaire a lu ou entendu de discussions politiques et de réflexions sur les origines de la constitution anglaise. Il prend le contrepied d’une doctrine très souvent défendue par les historiens et les théoriciens anglais sur l’immémoriale antiquité des institutions nationales. Beaucoup de mes citations serviront plutôt à marquer les états d’opinion qu’il contredit ou reflète, que les écrits où il s’est directement informé. C’était une matière agitée quotidiennement dans les journaux ; elle devait l’être dans les conversations. Il faut donc être prudent dans l’assertion des sources. On peut seulement remarquer que Voltaire s’éloigne plus des whigs que des tories. Ceux-là maintenaient l’antiquité de la constitution anglaise, des libertés anglaises, des Communes ; les