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De la Liberté.

serait plaisant qu’il y eût des cas où vous voulez parce qu’il y a une cause de vouloir, & qu’il y eût quelques cas où vous voulussiez sans cause. Quand vous voulez vous marier, vous en sentez la raison dominante évidemment ; vous ne la sentez pas quand vous jouez à pair ou non ; & cependant il faut bien qu’il y en ait une.

B. — Mais encor une fois, je ne suis donc pas libre ?

A. — Votre volonté n’est pas libre, mais vos actions le sont ; vous êtes libre de faire quand vous avez le pouvoir de faire.

B. — Mais tous les livres que j’ai lûs sur la liberté d’indifférence…

A. — Sont des sottises ; il n’y a point de liberté d’indifférence ; c’est un mot destitué de sens, inventé par des gens qui n’en avaient guères.


LIBERTÉ DE PENSER.



Vers l’an 1707, tems où les Anglais gagnèrent la bataille de Sarragosse, protégèrent le Portugal, & donnèrent pour quelque tems un Roi à l’Espagne, Mylord Boldmind Officier Général qui avait été blessé, était aux eaux de Barège. Il y rencontra le comte Médroso, qui étant tombé de cheval derrière le bagage, à une lieuë & demie du champ de bataille, venait prendre les eaux aussi. Il était familier de l’Inquisition, Mylord Boldmind n’était familier que dans