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Superstition. Sect. II.

titieuse. La superstition, selon eux, consiste à prendre des pratiques inutiles pour des pratiques nécessaires. Parmi les Catholiques Romains il y en a de plus éclairés que leurs ancêtres, qui ont renoncé à beaucoup de ces usages autrefois sacrés ; & ils se défendent sur les autres qu’ils ont conservés, en disant, ils sont indifférens, & ce qui n’est qu’indifférent ne peut être un mal.

Il est difficile de remarquer les bornes de la superstition. Un Français voyageant en Italie trouve presque tout superstitieux, & ne se trompe guère. L’Archevêque de Cantorbéri prétend que l’Archevêque de Paris est superstitieux ; les Presbitériens font le même reproche à monsieur de Cantorbéri, & sont à leur tour traités de superstitieux par les Quakers, qui sont les plus superstitieux de tous aux yeux des autres Chrétiens.

Personne ne convient donc chez les sociétés chrétiennes de ce que c’est que la superstition. La secte qui semble le moins attaquée de cette maladie de l’esprit est celle qui a le moins de rites. Mais si avec peu de cérémonies elle est fortement attachée à une croyance absurde, cette créance absurde équivaut, elle seule, à toutes les pratiques superstitieuses observées depuis Simon le magicien jusqu’au curé Gauffrédi.

Il est donc évident que c’est le fond de la religion d’une secte, qui passe pour superstition chez une autre secte.

Les Musulmans accusent toutes les sociétés