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Philosophe.

vérités, ils étaient indignes de les enseigner ; ils n’étaient pas philosophes : ils étaient tout au plus de très prudens menteurs.

Par quelle fatalité honteuse peut-être pour les peuples occidentaux, faut-il aller au bout de l’Orient pour trouver un sage simple, sans faste, sans imposture, qui enseignait aux hommes à vivre heureux six cents ans avant notre ère vulgaire, dans un tems où tout le Septentrion ignorait l’usage des lettres, & où les Grecs commençaient à peine à se distinguer par la sagesse ? ce sage est Confucius, qui étant législateur ne voulut jamais tromper les hommes. Quelle plus belle règle de conduite a-t-on jamais donnée depuis lui dans la terre entière ? « Réglez un État comme vous réglez une famille ; on ne peut bien gouverner sa famille qu’en lui donnant l’exemple.

« La vertu doit être commune au laboureur & au Monarque.

« Occupe-toi du soin de prévenir les crimes pour diminuer le soin de les punir.

« Sous les bons rois Yao & Xu les Chinois furent bons ; sous les mauvais rois Kie & Chu ils furent méchants.

« Fais à autrui comme à toi-même.

« Aime les hommes en général, mais chéris les gens de bien. Oublie les injures & jamais les bienfaits.

« J’ai vû des hommes incapables de sciences, je n’en ai jamais vû incapables de vertus. »

Avouons qu’il n’est point de législateur qui ait