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Tout est Bien.

mes, pourvû qu’il vienne à bout de ses desseins.

Loin donc que l’opinion du meilleur des mondes possibles console, elle est désespérante pour les philosophes qui l’embrassent. La question du bien & du mal, demeure un chaos indébrouillable pour ceux qui cherchent de bonne foi ; c’est un jeu d’esprit pour ceux qui disputent : ils sont des forçats qui jouent avec leurs chaînes. Pour le peuple non pensant, il ressemble assez à des poissons qu’on a transportés d’une rivière dans un réservoir ; ils ne se doutent pas qu’ils sont là pour être mangés le carême ; aussi ne savons-nous rien du tout par nous-mêmes des causes de notre destinée.

Mettons à la fin de presque tous les chapitres de métaphysique les deux lettres des juges romains quand ils n’entendaient pas une cause, N. L. non liquet, Cela n’est pas clair.


BORNES DE L’ESPRIT
HUMAIN



Elles sont partout, pauvre docteur. Veux-tu savoir comment ton bras & ton pied obéïssent à ta volonté, & comment ton foie n’y obéït pas ? cherches-tu comment la pensée se forme dans ton chétif entendement, & cet enfant dans l’uterus de cette femme ? Je te donne du tems pour me répondre ; qu’est-ce que la matière ? tes pareils ont écrit dix mille volu-