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Beau, Beauté.

fit bâiller tous les spectateurs. Oh, oh, dit-il, le to kalon n’est pas le même pour les Anglais & pour les Français. Il conclut après bien des réflexions, que le beau est souvent très relatif, comme ce qui est décent au Japon est indécent à Rome ; & ce qui est de mode à Paris ne l’est pas à Pékin ; & il s’épargna la peine de composer un long traité sur le beau.


BÊTES



Quelle pitié, quelle pauvreté, d’avoir dit que les bêtes sont des machines, privées de connaissance & de sentiment, qui font toûjours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, &c !

Quoi, cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, & en cercle sur un arbre ; cet oiseau fait tout de la même façon ? Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois, n’en sait-il pas plus au bout de ce tems, qu’il n’en savait avant les leçons ? Le serin à qui tu apprends un air, le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un tems considérable à l’enseigner ? n’as-tu pas vu qu’il se méprend & qu’il se corrige ?

Est-ce parce que je te parle, que tu juges que j’ai du sentiment, de la mémoire, des idées ? Eh bien, je ne te parle pas ; tu me vois