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Athée, Athéisme. Sect. I.

tres petites nations, n’ont point de Dieu ; ils ne le nient ni ne l’affirment, ils n’en ont jamais entendu parler ; dites-leur qu’il y en a un, ils le croiront aisément ; dites-leur que tout se fait par la nature des choses, ils vous croiront de même. Prétendre qu’ils sont athées est la même imputation que si l’on disait qu’ils sont anti-Cartésiens, ils ne sont ni pour, ni contre Descartes. Ce sont de vrais enfans ; un enfant n’est ni athée, ni déïste, il n’est rien.

Quelle conclusion tirerons-nous de tout ceci ? Que l’Athéïsme est un monstre très pernicieux dans ceux qui gouvernent, qu’il l’est aussi dans les gens de cabinet, quoique leur vie soit innocente, parce que de leur cabinet ils peuvent percer jusqu’à ceux qui sont en place ; que s’il n’est pas si funeste que le fanatisme, il est presque toûjours fatal à la vertu. Ajoutons surtout qu’il y a moins d’athées aujourd’hui que jamais, depuis que les philosophes ont reconnu qu’il n’y a aucun être végétant sans germe, aucun germe sans dessein, &c. & que le bled ne vient point de pourriture.

Des géomètres non philosophes ont rejeté les causes finales, mais les vrais philosophes les admettent ; et, comme l’a dit un auteur connu, un catéchiste annonce Dieu aux enfans, & Newton le démontre aux sages.