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Apocalypse

dant, les mêmes personnages qui étaient sûrs que St. Jean n’était pas bien mort, étaient sûrs aussi qu’il n’avait pas fait l’Apocalypse. Mais ceux qui tenaient pour le règne de mille ans, furent inébranlables dans leurs opinions. Sulpice Sévère, dans son histoire sacrée liv. 9, traite d’insensés & d’impies, ceux qui ne recevaient pas l’Apocalypse. Enfin, après bien des doutes, après des oppositions de Concile à Concile, l’opinion de Sulpice Sévère a prévalu. La matière ayant été éclaircie, l’Église a décidé que l’Apocalypse est incontestablement de St. Jean ; ainsi il n’y a pas d’appel.

Chaque communion chrétienne s’est attribué les prophéties contenuës dans ce livre ; les Anglais y ont trouvé les révolutions de la Grande-Bretagne ; les Luthériens les troubles d’Allemagne ; les Réformés de France le règne de Charles IX. & la régence de Catherine de Médicis : ils ont tous également raison. Bossuet & Newton ont commenté tous deux l’Apocalypse ; mais à tout prendre, les déclamations éloquentes de l’un, & les sublimes découvertes de l’autre, leur ont fait plus d’honneur que leurs commentaires.


ARIUS



Voici une question incompréhensible qui a exercé depuis plus de seize cents ans la curiosité, la subtilité sophistique, l’aigreur,