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Apocalypse

grands partisans du règne de mille ans, non-seulement assure que St. Jean a prédit cette résurrection, & ce règne de mille ans dans la ville de Jérusalem, mais il prétend que cette Jérusalem commençait déjà à se former dans l’air, que tous les chrétiens de la Palestine, & même les payens, l’avaient vuë pendant quarante jours de suite à la fin de la nuit : mais malheureusement la ville disparaissait dès qu’il était jour.

Origène, dans sa préface sur l’Évangile de St. Jean, & dans ses Homélies, cite les oracles de l’Apocalypse, mais il cite également les oracles des Sibylles. Cependant St. Denys d’Alexandrie, qui écrivait vers le milieu du troisième siècle, dit dans un de ses fragments, conservés par Eusèbe, que presque tous les docteurs rejetaient l’Apocalypse, comme un livre destitué de raison ; que ce livre n’a point été composé par St. Jean, mais par un nommé Cérinthe, lequel s’était servi d’un grand nom, pour donner plus de poids à ses rêveries.

Le concile de Laodicée, tenu en 360, ne compta point l’Apocalypse parmi les livres canoniques. Il était bien singulier que Laodicée, qui était une Église à qui l’Apocalypse était adressée, rejetât un trésor destiné pour elle ; & que l’évêque d’Éphèse qui assistait au concile, rejetât aussi ce livre de St. Jean, enterré dans Éphèse.

Il était visible à tous les yeux, que St. Jean se remuait toûjours dans sa fosse ; & faisait continuellement hausser & baisser la terre. Cepen-