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Julien le Philosophe.

et sa mauvaise humeur ; tout ce qu’on admira dans Jules César, & aucun de ses vices ; il eut la continence de Scipion. Enfin il fut en tout égal à Marc-Aurèle le premier des hommes.

On ose plus répéter aujourd’hui après le calomniateur Théodoret, qu’il immola une femme dans le temple de Carres pour se rendre les Dieux propices. On ne redit plus qu’en mourant il jeta de sa main quelques gouttes de son sang au ciel, en disant à Jésus-Christ : Tu as vaincu Galiléen, comme s’il eût combattu contre Jésus en faisant la guerre aux Perses ; comme si ce philosophe qui mourut avec tant de résignation, avait reconnu Jésus ; comme s’il eût cru que Jésus était en l’air, & que l’air était le ciel ! ces inepties de gens qu’on appelle pères de l’Église, ne se répètent plus aujourd’hui.

On est enfin réduit à lui donner des ridicules, comme faisaient les citoyens frivoles d’Antioche. On lui reproche sa barbe mal peignée & la manière dont il marchait. Mais, monsieur l’Abbé de La Bléterie, vous ne l’avez pas vu marcher, & vous avez lu ses lettres & ses loix, monumens de ses vertus. Qu’importe qu’il eût la barbe sale & la démarche précipitée, pourvu que son cœur fût magnanime & que tous ses pas tendissent à la vertu.

Il reste aujourd’hui un fait important à examiner. On reprocha à Julien d’avoir voulu faire mentir la prophétie de Jésus-Christ en rebâtissant le temple de Jérusalem. On dit qu’il