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Joseph.

Putiphar incertain entre sa femme & Joseph, ne regarda pas la tunique de Joseph que sa femme avait déchirée comme une preuve de l’attentat du jeune homme. Il y avait un enfant au berceau dans la chambre de la femme ; Joseph disait qu’elle lui avait déchiré & ôté sa tunique en présence de l’enfant ; Putiphar consulta l’enfant dont l’esprit était fort avancé pour son âge ; l’enfant dit à Putiphar, regardez si la tunique est déchirée par devant ou par derrière ; si elle l’est par devant, c’est une preuve que Joseph a voulu prendre par force votre femme qui se défendait ; si elle l’est par derrière, c’est une preuve que votre femme courait après lui. Putiphar, grace au génie de cet enfant, reconnut l’innocence de son esclave. C’est ainsi que cette avanture est rapportée dans l’Alcoran d’après l’ancien auteur Arabe. Il ne s’embarrasse point de nous instruire à qui appartenait l’enfant qui jugea avec tant d’esprit. Si c’était un fils de la Putiphar, Joseph n’était pas le premier à qui cette femme en avait voulu.

Quoi qu’il en soit, Joseph, selon la Genèse, est mis en prison, & il s’y trouve en compagnie de l’échanson & du panetier du Roi d’Égypte. Ces deux prisonniers d’État rêvent tous deux pendant la nuit ; Joseph explique leurs songes, il leur prédit que dans trois jours l’échanson rentrera en grace, & que le panetier sera pendu, ce qui ne manqua pas d’arriver.

Deux ans après le roi d’Égypte rêve aussi ;