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Job.

on est malade. Je m’imagine que quand Dieu t’eut rendu tes richesses & ta santé, ces éloquents personnages n’osèrent pas se présenter devant toi ; aussi, les amis de Job ont passé en proverbe.

Dieu fut très mécontent d’eux, & leur dit tout net au chap. 42. qu’ils sont ennuyeux & imprudens ; & il les condamne à une amende de sept taureaux & de sept béliers pour avoir dit des sottises. Je les aurais condamnés pour n’avoir point secouru leur ami.

Je te prie de me dire s’il est vrai que tu vécus cent quarante ans après cette avanture. J’aime à voir que les honnêtes gens vivent longtems ; mais il faut que les hommes d’aujourd’hui soient de grands fripons tant leur vie est courte.

(Par un malade aux eaux d’Aix-la-Chapelle.)

JOSEPH.



L’histoire de Joseph, à ne la considérer que comme un objet de curiosité & de littérature, est un des plus précieux monumens de l’antiquité, qui soient parvenus jusqu’à nous. Elle paraît être le modèle de tous les écrivains orientaux ; elle est plus attendrissante que l’Odyssée d’Homère ; car un héros qui pardonne, est plus touchant que celui qui se venge.

Nous regardons les Arabes comme les premiers auteurs de ces fictions ingénieuses qui