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Idole, Idolâtre, Idolâtrie.

Dans Ovide :

Colitur pro Jove forma Jovis.

Dans Stace :

Nulla autem effigies, nulli commissa metallo
Forma dei mentes habitare ac numina gaudet.

Dans Lucain :

Estne dei sedes, nisi terra & pontus & aër ?

On ferait un volume de tous les passages qui déposent que des images n’étaient que des images.

Il n’y a que le cas où les statues rendaient des oracles, qui ait pu faire penser que ces statues avaient en elles quelque chose de divin. Mais certainement l’opinion régnante était que les dieux avaient choisi certains autels, certains simulacres pour y venir résider quelquefois, pour y donner audience aux hommes, pour leur répondre. On ne voit dans Homère & dans les chœurs des tragédies Grecques, que des prières à Apollon qui rend ses oracles sur les montagnes, en tel temple, en telle ville ; il n’y a pas dans toute l’antiquité la moindre trace d’une prière adressée à une statue.

Ceux qui professaient la magie, qui la croyaient une science, ou qui feignaient de le croire, prétendaient avoir le secret de faire descendre les dieux dans les statues, non pas les grands dieux, mais les dieux secondaires, les génies. C’est ce que Mercure Trismégiste appelait fai-