Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/321

Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
Genèse.

même qui en meurent. Et quant à la supériorité de l’homme sur la femme, c’est une chose entièrement naturelle, c’est l’effet de la force du corps & même de celle de l’esprit. Les hommes en général ont des organes plus capables d’une attention suivie que les femmes, & sont plus propres aux travaux de la tête & du bras. Mais quand une femme a le poignet & l’esprit plus fort que son mari, elle en est partout la maîtresse ; c’est alors le mari qui est soumis à la femme.

Le Seigneur leur fit des tuniques de peau.

Ce passage prouve bien que les Juifs croyaient Dieu corporel, puisqu’ils lui font exercer le métier de tailleur. Un rabbin nommé Élieser a écrit que Dieu couvrit Adam & Ève de la peau même du serpent qui les avait tentés, & Origène prétend que cette tunique de peau était une nouvelle chair, un nouveau corps, que Dieu fit à l’homme.

Et le Seigneur dit, Voilà Adam qui est devenu comme l’un de nous.

Il faut renoncer au sens commun pour ne pas convenir que les Juifs admirent d’abord plusieurs Dieux. Il est plus difficile de savoir ce qu’ils entendent par ce mot Dieu, Éloïm. Quelques commentateurs ont prétendu que ce mot, l’un de nous, signifie la Trinité ; mais il n’est pas assurément question de la Trinité dans la Bible. La Trinité n’est pas un composé de plusieurs Dieux, c’est le même Dieu triple, & jamais les Juifs n’entendirent parler d’un Dieu en trois personnes. Par ces mots, semblable à nous,