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Ame

« vous éprouverez la famine, la pauvreté, vous mourrez de misère, de froid, de pauvreté, de fièvre ; vous aurez la rogne, la gale, la fistule….. vous aurez des ulcères dans les genoux, & dans les gras de jambes.

« L’étranger vous prêtera à usure, & vous ne lui prêterez point à usure… parce que vous n’aurez pas servi le Seigneur.

« Et vous mangerez le fruit de votre ventre, & la chair de vos fils & de vos filles, &c.  »

Il est évident que dans toutes ces promesses & dans toutes ces menaces il n’y a rien que de temporel, & qu’on ne trouve pas un mot sur l’immortalité de l’ame, & sur la vie future.

Plusieurs commentateurs illustres ont cru que Moïse était parfaitement instruit de ces deux grands dogmes ; & ils le prouvent par les paroles de Jacob, qui croyant que son fils avait été dévoré par les bêtes, disait dans sa douleur : Je descendrai avec mon fils dans la fosse, in infernum, dans l’enfer ; c’est-à-dire, je mourrai, puisque mon fils est mort.

Ils le prouvent encor par des passages d’Isaïe & d’Ézéchiel ; mais les Hébreux auxquels parlait Moïse, ne pouvaient avoir lû ni Ézéchiel, ni Isaïe, qui ne vinrent que plusieurs siècles après.

Il est très inutile de disputer sur les sentimens secrets de Moïse. Le fait est que dans les loix publiques, il n’a jamais parlé d’une vie à venir, qu’il borne tous les châtimens & toutes les récompenses au tems présent. S’il connaissait la vie future, pourquoi n’a-t-il pas expressément étalé ce grand dogme ? & s’il ne l’a