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d’Ézéchiel, &c.

Il suffit de faire voir que ces commandements qui nous paraissent étranges, ne le parurent pas aux Juifs. Il est vrai que la Synagogue ne permettait pas du tems de St. Jérôme la lecture d’Ézéchiel avant l’âge de trente ans ; mais c’était parce que dans le chapitre 18. il dit que le fils ne portera plus l’iniquité de son père, & qu’on ne dira plus, les pères ont mangé des raisins verds, & les dents des enfans en sont agacées.

En cela il se trouvait expressément en contradiction avec Moïse qui au chap. 28. des Nombres, assure que les enfans portent l’iniquité des pères, jusqu’à la troisième & quatrième génération.

Ézéchiel au chap. 20. fait dire encor au Seigneur, qu’il a donné aux Juifs des préceptes qui ne sont pas bons. Voilà pourquoi la Synagogue interdisait aux jeunes gens une lecture qui pouvait faire douter de l’irréfragabilité des loix de Moïse.

Les censeurs de nos jours sont encor plus étonnés du chap. 16. d’Ézéchiel ; voici comme ce prophète s’y prend pour faire connaître les crimes de Jérusalem. Il introduit le Seigneur parlant à une fille, & le Seigneur dit à la fille : Lorsque vous naquîtes, on ne vous avait point encor coupé le boyau du nombril, on ne vous avait point salée, vous étiez toute nüe, j’eus pitié de vous ; vous êtes devenüe grande, votre sein s’est formé, votre poil a paru, j’ai passé, je vous ai vue, j’ai connu que c’était le tems des amants ; j’ai couvert votre ignominie ;