Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
Dieu.

Dondindac.

C’est qu’il est juste d’adorer l’Être suprême de qui nous tenons tout.

Logomacos.

Pas mal pour un barbare ! Et que lui demandes-tu ?

Dondindac.

Je le remercie des biens dont je jouis, & même des maux dans lesquels il m’éprouve ; mais je me garde bien de lui rien demander ; il sait mieux que nous ce qu’il nous faut ; & je craindrais d’ailleurs de demander du beau tems quand mon voisin demanderait de la pluye.

Logomacos.

Ah ! je me doutais bien qu’il allait dire quelque sottise. Reprenons les choses de plus haut : Barbare, qui t’a dit qu’il y a un Dieu ?

Dondindac.

La nature entière.

Logomacos.

Cela ne suffit pas. Quelle idée as-tu de Dieu ?

Dondindac.

L’idée de mon créateur, de mon maître, qui me récompensera si je fais bien, & qui me punira si je fais mal.