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Critique.

Sous mille défauts abattu
Se vante d’une ame héroïque
Toute voüée à la vertu ;
Ce n’est point la vertu qu’il aime,
Mais son cœur yvre de lui-même
Voudrait usurper les autels ;
Et par sa sagesse frivole
Il ne veut que parer l’idole
Qu’il offre au culte des mortels.

Les champs de Pharsale & d’Arbelle
Ont vû triompher deux vainqueurs,
L’un & l’autre digne modèle
Que se proposent les grands cœurs.
Mais le succès a fait leur gloire ;
Et si le sceau de la victoire
N’eût consacré ces demi-dieux,
Alexandre aux yeux du vulgaire,
N’aurait été qu’un téméraire,
Et César qu’un séditieux.


Cet auteur, dit-il, était un sage qui prêta plus d’une fois le charme des vers à la philosophie. S’il avait toûjours écrit de pareilles stances, il serait le premier des poëtes lyriques, cependant c’est alors qu’il donnait ces beaux morceaux, que l’un de ses contemporains l’appelait :

Certain oison gibier de basse-cour.

Il dit de Lamotte en un autre endroit :

De ses discours l’ennuïeuse beauté.