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Conciles.

La loi Mosaïque avait défendu les images. Les peintres, & les sculpteurs n’avaient pas fait fortune chez les Juifs. On ne voit pas que Jésus ait jamais eu de tableaux, excepté peut-être celui de Marie, peinte par Luc. Mais enfin Jésus-Christ ne recommande nulle part qu’on adore les images. Les Chrétiens les adorèrent pourtant vers la fin du quatrième siècle, quand ils se furent familiarisés avec les beaux-arts. L’abus fut porté si loin au huitième siècle, que Constantin Copronyme assembla à Constantinople un Concile de trois cent vingt évêques, qui anathématisa le culte des images, & qui le traita d’idolâtrie.

L’impératrice Irène, la même, qui depuis fit arracher les yeux à son fils, convoqua le second Concile de Nicée en 787 : l’adoration des images y fut rétablie. On veut aujourd’hui justifier ce Concile, en disant que cette adoration était un culte de dulie, & non pas de latrie.

Mais soit de latrie, soit de dulie, Charlemagne en 794 fit tenir à Francfort un autre Concile, qui traita le second de Nicée d’idolâtrie. Le pape Adrien I. y envoya deux légats, & ne le convoqua pas.

Le premier grand Concile, convoqué par un pape, fut le premier de Latran en 1139 ; il y eut environ mille évêques, mais on n’y fit presque rien, sinon qu’on anathématisa ceux qui disaient que l’Église était trop riche.

Autre Concile de Latran en 1179, tenu par le pape Alexandre III, où les Cardinaux, pour