Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
Circoncision.

CIRCONCISION.



Lors qu’Hérodote raconte ce que lui ont dit les barbares chez lesquels il a voyagé, il raconte des sottises, & c’est ce que font la plûpart de nos voyageurs. Aussi n’exige-t-il pas qu’on le croie, quand il parle de l’avanture de Gigès & de Candaule, d’Arion porté sur un dauphin, & de l’oracle consulté pour savoir ce que faisait Crésus, qui répondit qu’il faisait cuire alors une tortue dans un pot couvert ; & du cheval de Darius qui ayant henni le premier de tous, déclara son maître Roi, & de cent autres fables propres à amuser des enfans & à être compilées par des rhéteurs ; mais quand il parle de ce qu’il a vû, des coutumes des peuples qu’il a examinées, de leurs antiquités, qu’il a consultées, il parle alors à des hommes.

Il semble, dit-il au livre d’Euterpe, que les habitans de la Colchide sont originaires d’Égypte, j’en juge par moi-même plutôt que par ouï-dire ; car j’ai trouvé qu’en Colchide on se souvenait bien plus des anciens Égyptiens qu’on ne se ressouvenait des anciennes coutumes de Colcos en Égypte.

Ces habitans des bords du Pont-Euxin prétendaient être une colonie établie par Sésostris ; pour moi je le conjecturais non-seulement parce qu’ils sont bazanés, & qu’ils ont les cheveux frisés, mais parce que les peuples de Colchide, d’Égypte, & d’Éthiopie, sont les seuls sur la terre qui se sont fait circoncire de tout tems, car les Phéni-